La médina de Fès abrite plus de 300 mosquées et medersas.
Malheureusement, Au Maroc, les non-musulmans ne sont pas autorisés à entrer dans les mosquées.
Dès lors, la visite spirituelle commence assez mal. A moins que l’on envisage la spiritualité sous un angle différent, celui du ressenti, plutôt que celui de l’observation tangible. C’est sur cette voie que je souhaite vous emporter.
Néanmoins c’est avec plaisir et enthousiasme que je partage avec vous mon sentiment et mes expériences des lieux de cultes de Fès.
L’ HERITAGE DU MARECHAL LYAUTEY
Beaucoup de marocains sont encore, aujourd’hui, persuadés que le maintien à l’écart des lieux de cultes des non-musulmans est une exigence du Coran.
Pour les voyageurs qui ont visité, la Turquie, la Syrie ou encore l’Egypte, cette spécificité marocaine est bien incongrue et oserais-je même dire, illégitime.
En fait, cette mesure remonte à l’époque du protectorat français. Nous la devons au Maréchal Lyautey, lui-même.
Face à la rébellion populaire, devant l’occupation française, il cherche à renforcer la légitimité du Sultan, en renforçant le caractère traditionnel de la société marocaine soudée autour de son roi et… protégé des Français. Par cette mesure, qui interdit désormais aux colons et visiteurs de pénétrer physiquement dans la sphère religieuses et culturelle marocaine, il octroie au Sultan un pouvoir, qu’il détenait déjà intrinsèquement. Mais le résultat se révèlera probant et demeure à ce jour.
MON EXPERIENCE DE LA VISITE DES MOSQUEES DE FES
A la base, rien ne prédestinait à avoir le privilège de pénétrer dans une mosquée au Maroc.
Cependant, il s’avère que Moulay, mon mari, depuis plus de 20 ans, est issu d’une grande famille chérifienne de Fès. De ce fait, il peut attester d’une descendance directe avec la famille du Prophète Mohamed. Un véritable Saint Graal, ici à Fès. Du reste, jusqu’au XIX°s. les familles de descendance chérifienne étaient exonérées de taxes et impôts. C’est dire…
Il va sans dire que les portes des mosquées se sont ouvertes à moi, comme par magie, par le biais du mariage. Si j’ai eu le privilège de pénétrer, en sa compagnie, dans les mosquées et les medersas les plus emblématiques de Fès, cela n’a néanmoins pas toujours été aisé.
MOSQUEES DE FES: L’ART ISLAMIQUE AU SERVICE DE LA FOI
Pour avoir pénétré dans les principales mosquées de Fès, je crois que ce sont, clairement, des monuments qui méritent d’être découverts et je comprends la frustration des voyageurs qui après avoir parcouru des milliers de kilomètres se retrouvent bloqués, à l’embrasure d’une porte.
La mosquée: l’art islamique au service de la spiritualité
La mosquée étonne par son architecture autant que par le lieu de vie qu’elle constitue.
Dans une culture où la reproduction du vivant est interdite, l’art mauresque s’est construit sur une maîtrise artistique géniale de la géométrie et de la couleur. Les mosquées sont l’archétype de cette expression artistique.
Toutefois, c’est l’atmosphère de la mosquée qui me semble la plus saisissante. En effet, la mosquée n’est pas un lieu de prière uniquement. Elle est, également, un lieu de vie et d’échanges où le silence ne règne pas, mais ou la vie éclate.
Pour en savoir plus sur les mosquées de Fès, consulter notre article « explorer les mosquées de Fès«

La mosquée lieu de vie et d’échange des Fassis
Certains fidèles prient ou lisent le Coran. D’autres sont assis et discutent du Coran. Plus loin, un groupe de jeunes garçons échangent sur des thématiques profanes.
Les chaudes journées d’été, les mosquées offrent de l’ombre et de la fraîcheur. Dans l’après-midi, les mères se rencontrent dans les cours, comme elles le feraient au parc. Pendant que les enfants jouent à cache-cache entre les colonnes centenaires, les dames plus âgées prient et les mères bavardent. Sous les arcades en plâtre sculpté, les adolescents restent à l’écart, trop occupés sur les réseaux sociaux.
En somme, si j’osais… Je dirais que les mosquées du Maroc, ressemblent à des clubs qui seraient exemptés de frais d’adhésion. En tout état de cause, il y règne une atmosphère loin de l’austérité décrite par nos journaux télévisés.
LA BIBLIOTHEQUE DE LA KARAOUIYINE A FES ET SES MANUSCRITS
La bibliothèque de la Karaouiyine est adossée à la mosquée et à l’université du même nom. Un complexe de culture et de spiritualité érigé par une femme, Fatéma Fassi Fihri, au IX°s.
La bibliothèque de la Karaouiyine abrite des milliers de manuscrits de l’ère médiévale dédiés à la médecine, à la philosophie, à la politique, à l’arithmétique et à l’astronomie ainsi que divers ouvrages, sauvés des autodafés qui ont sévis dans l’Europe du Moyen Age.
Pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, la bibliothèque Qaraouine est, elle aussi, fermée au public !
Pour en savoir plus, consulter notre article « La bibliothèque et l’université de la Karaouine«
ALORS CETTE VISITE SPIRITUELLE DE FÈS ?
Bibliothèque fermée, pour on ne sait quelles raisons ubuesques, mosquées inaccessibles aux non-musulmans… La spiritualité, est, décidément, difficile à toucher du doigt à Fès.
Mais la spiritualité n’est-elle pas intrinsèquement et par définition, intangible ?
Dès lors, la visite des lieux de cultes, medersas et autres mosquées deviendrait accessoire dans votre quête de spiritualité et vous pourriez bien trouver, au hasard de vos errances entre les murs de pisés et les venelles tortueuses, un bout de cette âme et de cette sagesse qui a transporté les scientifiques arabes les plus éminents, il y a plus de mille ans.
Car vivre Fès, c’est transcender le tourisme moderne où Instagram et ses photos font loi. Vivre Fès c’est justement s’élever au-dessus du paraître, lâcher prise et se retrouver.
Si vous posez vos valises à Fès avec cet esprit un peu mystique, ce besoin de prendre du recul, alors certainement, trouverez-vous, ici un sens à la vie et redonnerez-vous à la simplicité et à la spontanéité ses lettres de noblesse qui ont abandonné notre XXI°s.
J’espère que tout comme moi, vous trouverez dans ce labyrinthe, une forme de bonheur, celui que vous ne pouvez pas toucher, mais qui vous touche.