Un riad est un joyau paisible au milieu de l’agitation des anciennes villes impériales du Maroc.

La médina la plus connue :Marrakech. La plus petite, celle de Rabat qui surplombe l’océan Atlantique. L’oubliée, celle de Casablanca. Ainsi que toutes les autres: Tanger, d’Essaouira et toutes celles que je n’ai pas énumérées. Mais la plus grande, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, unique et sans aucune pareille, la médina de Fès.

La cité de Fès a rayonné sur le Maroc et sur le monde Arabe. A la hauteur de son influence, de son intelligentsia et de sa morgue, la médina de Fès compte les plus vastes et les plus fastueux Palais et Riads du Maroc.

RIAD, DAR OU PALAIS

Le mot « riad » a été galvaudé et détourné. Le « riad » est un terme générique qui décrit un bâtiment de style mauresque ou arabo-andalou. Aujourd’hui, 90% des bâtiments qui se disent « riad » sont en fait des «dars».

Les « riads », au sens propre du terme, comme les « palais » sont des denrées rares, tant dans la médina de Fès qu’à Marrakech.

Qu’est ce qu’un Riad?

Riad en arabe, signifie « jardin ». Un «riad» est donc une maison avec un jardin spacieux, planté d’arbres fruitiers. En outre, le « riad » est toujours agrémenté d’une fontaine destinée à l’irrigation. C’est pourquoi, les écrits de la famille Tazi, propriétaire du Palais Tazi devenu Mayfez, font référence à leur demeure en la nommant « la ferme ». Du reste, comme le sous entend le terme « ferme », les riad sont des demeures au décor plutôt sobres. Enfin, un « riad » ne compte pas quatre ailes bâties, mais trois, positionnées en U.

Qu’est ce qu’un Dar?

Les «dar» se composent de quatre ailes construites autour d’un patio central. Le patio est plus ou moins vaste et plus ou moins grandiose selon le statut social du propriétaire. Tous les «riads» et palais étaient autrefois agrémentés de «dar» modestes, où étaient hébergés les domestiques. Ainsi, à Riad Mayfez, l’un des «dar» qui hébergeait les favorites a été transformé en Spa, alors qu’un autre petit «dar», deviendra prochainement une suite sur deux étages avec patio central.

Les Palais: le top.

Dans la nomenclature, les « palais » sont les édifices les plus prestigeux, ceux qui mêlent superficie et faste architectural. On y trouve, la richesse du décor, des mosaïques – zellige-, les plâtre et cèdre sculptés, le jardin, les patios, plusieurs ailes habitables, dont une consacré au harem. En somme, le palais est l’expression ultime de l’art mauresque.

étails ornementaux dans un Riad et un Palais de Fès - Maroc
Détails ornementaux dans un Riad et un Palais de Fès – Maroc

Morts et résurrection des palais

Longtemps abandonnés, les riads et palais ont été ou sont encore habités par les héritiers pauvres des grandes familles qui les avaient jadis bâtis ou par les squatteurs descendus des montagnes en quête de travail dans les villes.

Les riads et palais ont entamé leur résurrection vers les fin des années 70 en grande partie sous l’influence de personnalités telles que Yves Saint Laurent.
Depuis, l’engouement n’a jamais cessé, entrainant la transformation de toute une série de dar, plus ou moins prestigieux à des fins d’habitation personnelles ou d’hôtels – « Riads »-.

LE STYLE RIAD

Il n’y a pas à proprement parler de style Riad. La décoration des riads est multiple. Elle dépend des époques et des propriétaires.

Au début du XX°s. beaucoup de grandes familles fortunées de Fès étaient sous l’influence de l’art de vivre anglais et français. A une époque où l’industrie est en pleine expansion, les industriels marocains voyagent. Ils ramènent de leurs expéditions, argenterie de Wright, cristal de Saint Louis et porcelaine fine Wedgwood ou de Limoge.

Dès lors, le plateau de thé traditionnel s’orne d’une théière en argent anglaise, the verres à thé colorés en cristal Saint Louis, alors que les gâteaux marocains sont joliment posés dans des assiettes aux motifs raffinés.

La gestion des riad et palais se professionnalise et s’européanise. Les familles emploient désormais des majordomes et des nounous venus de France ou d’Angleterre. Ces derniers sont logés dans des « dar » adjacents, privés et plus spacieux que ceux partagés par le reste des domestiques.

Aujourd’hui, beaucoup de propriétaires de riads ont opté pour un style bohème plus modeste, moins onéreux et certainement plus en adéquation avec les préoccupations du moment. D’autres sont allés vers des styles très épurés où le design est réduit à son plus simple apparat. C’est surtout à Marrakech que vous trouverez ce type d’établissements. Enfin, certains palaces, comme la Mamounia de Marrakech font perdurer cet âge d’or de l’Art de vivre du début du siècle dernier.

A Fès, la plupart des riads demeurent très traditionnels arborant zelliges colorés, tissus lourds, lustres et beaucoup de tapis colorés.

LE PALAIS TAZI DEVENU RIAD MAYFEZ

Le Palais Tazi, appartient à la catégorie rare des riads au sens propre du terme.
A ce titre la propriété bénéficie d’une superficie et d’un jardin d’une surface exceptionnelle pour une demeure de la médina: 1 500m2 au sol et 1500m2 couverts.

La restauration du Riad Mayfez

Le Palais Tazi devenu Mayfez était autrefois connu sous le nom de «arsa», la ferme.

Propriété de la mère du Pacha Tazi et épouse du Vizir de Tanger, Riad Mayfez était un Palais Tazi, devenu Laraqui, par suite de querelles d’héritage.

Il tranche avec les autres palais par son architecture. Au Palais Tazi, peu ou pas de zelliges fantaisistes, ni de plafonds peints ou sculptés. Le Palais Tazi était un hymne à la modernité du début du XX°S. Les plafonds de plâtres sculptés étaient un éloge au style haussmannien. La villa Art Déco, quant à elle, traduisait un intérêt évident pour le confort moderne.

Plafond de plâtre au Riad Mayfez avant les travaux de restauration - Fès
Plafond de plâtre au Riad Mayfez avant les travaux de restauration – Fès

Dans le jardin, un patio en zelliges sobres agrémenté de fontaines italiennes en marbre de Carrare, côtoyait un jardin planté d’arbres fruitiers. Malheureusement, rien ne subsiste. Le massacre opéré par les ouvriers lors des travaux de restauration aura eu raison des figuiers, orangers et oliviers centenaires… Mais ceci est une autre histoire.

Ma vie entre Riad et Palais

Je suis tombée amoureuse de ce palais, au moment où j’y suis entrée la première fois. Le chemin a été long, chaotique et souvent douloureux pour le transformer en Riad Mayfez. Néanmoins, je ne le regrette pas un instant et je remercie mon mari qui m’a suivie et soutenu dans cette folle entreprise.

Mayfez est une oasis de calme, très appréciable, après quelques heures passées dans l’agitation intense des ruelles de la médina. C’est un lieu accueillant où les oiseaux chantent, les fontaines ruissellent et les palmiers bruissent dans le vent.

Passer une soirée à siroter des cocktails et à grignoter des olives, tandis que le soleil se couche sur les toits plats à l’infini. Ici, le silence n’est interrompu que par les appels à la prière des trois cents mosquées, dont les minarets s’illuminent à la tombée de la nuit.

Jeune femme installée au Rooftop de Riad Mayfez - Médina de Fès - Maroc
Début de soirée au Rooftop de Riad Mayfez – Médina de Fès – Maroc

Aujourd’hui, je vis donc ma « vie de Palais ». Pourtant, je ne me lasse pas de déambuler dans tous les autres Palais et Riads qui n’ont pas eu la chance d’être restaurés, soit parce que trop grands, soit trop chers, soit pour cause de querelles d’héritage, ou encore en raison des aléas de l’histoire. Pour lire les histoires des Palais et Riad de la médina de Fès, suivez moi.

Une expérience véritablement magique.