La médina de Fès est surtout connue pour son statut de ville spirituelle.
Il y a beaucoup à dire sur la capitale spirituelle du Royaume du Maroc et je m’y suis épanchée longuement dans mes articles précédents consacrés à la visite spirituelle, aux mosquées et à la Karaouiyine. Ici, je voudrais me concentrer sur la visite séculière que l’on a tendance à négliger.
Pourtant, dans cette ville construite au hasard des pentes, des ruisseaux, et des circonstances, les portes des mosquées s’ouvrent sur des rues pleines de fantaisies.
Contrairement, à la médina de Marrakech complètement dédiée au tourisme, la médina de Fès est une cité habitée qui n’a pas été vidée de ses habitants. On vit, dans la médina de Fès, à un rythme particulier, bercé par les horaires de prière, comme nos ancêtres, il y a plusieurs siècles.
Ainsi, Fès est l’archetype du « slow travel » et du laisser vivre.
LES TOMBEAUX DES MERINIDES A FES
La nécropole des Mérinides accueille les dépouilles des derniers sultans de la dynastie des Mérinides.
On ne va pas aux tombeaux des Mérénides pour visiter les tombes. Du reste, il n’en reste que peu de choses. Cependant, les plus passionnés pourront encore entrevoir le faste des tombes d’autrefois.
En fait, les tombeaux des Mérénides se visitent avant tout pour le panorama qu’ils offrent sur la médina de Fès et les environs. Si vous êtes courageux, l’ascension de la colline, à pieds, vers les tombeaux vaut la peine.
A la tombée de la nuit, la médina apparaît tel un berceau de terrasses étagées, où pointe, ici et là, un minaret. Tantôt nimbée de rose ou noyée sous la brume.
Pour un joli voyage vers les tombeaux des Mérinides, nous vous invitons à suivre Seth et Lise
A LA DECOUVERTE DES FOUNDOUKS
Au XIII°s., les foundouks ou caravansérails servaient d’hôtels pour les marchands et pèlerins de passage. Les voyageurs s’y restauraient après un voyage souvent harassant. Les montures, par ailleurs, s’y reposait avant de reprendre la route, le lendemain.
D’une part, les chambres individuelles à l’étage offraient aux hommes un repos bien mérité. D’autre part, la cour centrale accueillait les chevaux qui y étaient attachés. Enfin, les locaux, répartis, au rez-de-chaussée, au tour de la cour centrale, servaient d’espace de stockage pour les marchandises.
ll y a quelques décennies, des bazars en tout genre s’étaient établis dans ces anciens foundouks délabrés. Puis, plus récemment, le gouvernement a décidé de moderniser ces cours historiques et de modifier leur aménagement. Ils sont désormais devenus des hauts lieux de l’artisanat raffiné et des espaces dédiés au shopping.
Les étals du Fondouk Ka’at Smen, le long Tala’a Kebira, vendent du sien (beurre rance), de l’huile d’olive, du khlie (une préparation traditionnelle de viande séchée), du miel et de l’huile d’argan, utilisés dans les cosmétiques naturels.
Un peu plus bas, le Funduq Tazi est dédié au cuir. Vous pouvez y faire des achats de maroquinerie, mais aussi assister à des ateliers où le cuir est étiré sur des tambours en céramique.
Enfin, pour répondre aux attentes des habitants et des visiteurs, de nouveaux services sont aussi venus s’ajouter. Ainsi, vous pourrez, désormais y trouver de petits restaurants de style bohème très agréable.
OBSERVER LES ARTISANS DE FES
Place Nejjarine
Le Foundouk Nejjarine occupe toute la largeur de la place du même nom. Il est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Structure du XVIII°s., il a été restauré dans les années 90 et héberge aujourd’hui le musée du bois. A juste titre, le bâtiment fait honneur à l’art du bois. Les balcons de moucharabieh y sont magnifiques et l’odeur du cèdre embaume. En outre, il propose une exposition permanente de pièces et d’outils de menuiserie remontant au XIV°s.
La place, quant à elle, a bénéficié d’une restauration intégrale. Les façades sont joliment ouvragées et les échoppes y vendent de beaux produits de qualité. Pour ma part, je dois avouer mon coup de coeur tout particulier pour l’antiquaire qui jouxte le passage vers la Zaouia Moulay Idriss. Il n’est pas bon marché, mais la plupart de ces pièces sont authentiques.
Enfin, la fontaine mérite le détour. Vous n’aurez pas l’occasion de voir d’aussi jolie fontaine dans le reste de la médina. En effet, l’ouvrage est particulièrement raffiné. Ses motifs de zelliges et ses encorbellements de plâtre sculpté ont la particularité d’avoir une finesse traditionnellement réservées aux fontaines des mosquées. C’est pourquoi, elle fait souvent l’objet d’une photo souvenir incontournable.
Place Seffarine
La Place Seffarine se trouve face à l’Université de la Karaouiyine.
La place Seffarine est l’endroit le plus bruyant de la médina. Les dinandiers -artisans du cuivre- y passent leur journée à frapper des morceaux de cuivre qu’ils transforment en saucières, poêles, bassines et autres chaudrons.
Si le place a subit des changements, principalement sous le protectorat français, son existence remonte au Moyen Age. Cependant, Léon L’Africain atteste de la présence des chaudronniers dès le XVI°s.
En ce qui me concerne, je m’interroge toujours quant au choix de cette place, face au centre universitaire de la Qaraouine, pour héberger un artisanat avec de telles nuisances sonores.
LES SOUKS DE FES
Fès, un centre commercial historique
Fez est un centre commercial depuis plus de mille ans.
On pourrait bien soutenir que les moyens de transport par lesquels les commerçants et les clients arrivent à Fès ont considérablement changé. Cependant, l’activité commerciale continue à être menée aujourd’hui, comme hier.
Ainsi, une grande partie de la production, est encore réalisée dans la médina, bien que les produits chinois aient, malheureusement, fait leur entrée il y a quelques années.
Aujourd’hui, comme avant, les souks sont amalgame d’échoppes, de bazars et d’ateliers, où les marchandises sont vendus et souvent fabriquées. Besoin d’une paire de chaussures en cuir ou d’un sac? Rendez-vous dans l’un des souks des tanneurs. Un pouf? Une théière? Des épices? Il y a des souks dédié à chaque produits et bien plus encore.
Les souks de Fès, une entreprise bien organisée
L’une des activités les plus ludique et plaisante à Fès consiste à déambuler dans les souks.
En remontant de la place Seffarine et en contournant la Mosquée de la Qaraouine, vous rejoindrez l’artère principale de Talaâ Kebira.
La médina de Fès s’organise autour quartier dédiés à des secteurs spécifiques de l’artisanat.
Si la mosquée Karaouiyine se trouve au centre des activités artisanales de dinanderie et du textile, en revanche, Moulay Idriss est connu pour ses échoppes de parfums et de bougies. Les menuisiers exercent leur art autour de la place Nejjarine, pendant que les potiers ont installé leur quartiers à Bab Ftouh. D’ailleurs, il y a quelques années encore, on pouvait voir des nuages de fumée noire s’élever au loin, au dessus des fours à bois de Bab Ftouh.
Enfin, aux extrémités de la médina, à Rcif et à Bab Boujloud se sont les souks de denrées alimentaires qui ont pignon sur rue.
L’architecture des bâtiments de la médina a de tout temps mis en valeur ce savoir-faire et cet artisanat. Les mosquées et les médersas, biensûr, mais aussi les foundouks et bien évidement les palais de la noblesse et de la bourgeoisie « Fassie ».
LES PALAIS ABANDONNES.
Ainsi, la médina abrite de somptueuses demeures à l’abandon. Beautés fragiles et hymne à son passé mauresque.
Propriétés de Vizirs, Cadis, Pachas ou autres marchands fortunées, ces Palais sont aujourd’hui encore des propriétés privées. Les héritiers se sont détournés depuis longtemps de ces demeures de familles, les laissant aux affres du temps. C’est ainsi qu’un millier de ces riads et palais plus ou moins prestigieux, se cachent dans le labyrinthe de venelles de la médina de Fès. Enserrées entre les murs des maisons rarement percés de fenêtres, ils sont les grands oubliés de la médina.
Les façades austères qui longent vos pas au cours de votre déambulation dans les ruelles entrelacées sont muettes. Rien ne laisse augurer que, peut-être, derrière l’un de ces murs disproportionné, se cache un joyau. Mais si par hasard, la porte s’ouvre, au-dedans, une fois portes et couloirs franchis, c’est un éblouissement qui s’offre à vous. Profusion de couleurs, de formes et de matériaux éclatent au grand jour.
Suivez moi à la découvertes de ces Palais emblématiques, trop rarement objet des visites traditionnelles.